Comprendre, mais pas excuser

C’est en fouinant à la bibliothèque de mon travail que je suis tombée sur La mort est mon métier. J’en avais maintes fois entendu parler, l’occasion donc pour moi de le lire.

 

 

Synopsis

Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s’éclaira…
– Le Führer, dit-il d’une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe.
Il fit une pause et ajouta :
– Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.
Je le regardai. Il dit sèchement :
– Vous avez l’air effaré. Pourtant, l’idée d’en finir avec les Juifs n’est pas neuve.
– Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu’on ait choisi…

Mon avis

L’histoire, c’est celle de Rudolf Lang, un allemand qui va avoir la tâche de trouver à Auschwitz une solution pour le « problème juif ».

Rudolf Lang n’est malheureusement pas un personnage 100% fictif. Dans la réalité, il s’appelait Rudolf Höss, c’était un officier de la SS, et il avait la charge du camp d’Auschwitz.

Robert Merle retranscrit donc dans ce livre  le témoignage d’un de ces hommes responsables des barbaries perpétrées sur les opposants politiques, handicapés, mais essentiellement sur les juifs.

Ce livre revêt un caractère unique, dans le sens où il est, au moment de sa parution, le seul témoignage que l’on ait d’un bourreau de ces camps. En effet, les témoignages des personnes ayant vécu l’enfer avaient été recueillis. Mais pas l’inverse.

A ce titre, l’auteur a effectué un véritable travail de fourmi, afin de retranscrire au plus proche l’histoire qu’est celle de Rudolf Höss. Il s’est entre autre servi des notes prises par le psychologue Gilbert, lors du procès de Nuremberg.

L’histoire est racontée à la première personne, par Rudolf Lang lui-même.

Ce qui m’a frappée à la lecture de ce livre, c’est la progression vers la déshumanisation de cet homme qui en ressort.

La première partie du livre nous parle de l’enfance et l’adolescence de Rudolf Höss. Bien sûr, on comprend que la discipline de fer imposée par son père a contribué à faire de lui l’homme qu’il est devenu.

Ça n’excuse rien, mais ça permet d’expliquer en partie.

Ensuite, nous voyons cet homme se faire une place au sein du régime nazi. Et ce, essentiellement grâce à sa volonté d’obéir aux ordres. Car pour Rudolf Lang,il est impossible de ne pas obéir… aussi barbares que soient les ordres donnés.

Alors, quand Himmler le désigne pour construire un camp d’extermination à Auschwitz, il accepte.

Toutes cette partie de l’histoire est terrifiante. Parce que c’est l’Histoire, bien sûr. Pour ses atrocités commises. Mais surtout par la narration complètement déshumanisée. Lorsqu’il parle des juifs, il ne parle pas d’être humains, mais d’unité. Quand il réfléchit à comment se débarrasser des cadavres trop encombrants, il me fait comme s’il cherchait comment empiler ses boîtes de conserves dans un placard pour gagner de la place. Lorsqu’il visite Treblinka pour avoir une idée et améliorer son propre camp, c’est une visite de chantier. Ce sont dans ces faits que réside toute l’atrocité de ce livre.

Rudolf Lang est ce qu’on pourrait appeler un pur produit du Nazisme. Une idéologie antisémitisme ancrée depuis son enfance, une obéissance sans concession…
Je ne vais pas m’attarder plus longtemps sur le sujet. C’est le genre de lecture dont on ne peut ressortir indifférent.

 

Côté challenge

3 réflexions sur “Comprendre, mais pas excuser

  1. le livre semble intéressant de par son contenu cru et sans enjolivure. Est-ce un livre que tu conseilles? J’ai une vingtaine d’année et je cherche quelques lectures intéressantes.

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