Invictus

Quand Clint Eastwood sort un film, faut que j’aille le voir ! Je ne m’occupe même pas de savoir de quoi ça cause, je vais le voir épicétou.
Donc, quand Invictus est sorti, et bien je me suis précipitée dans une salle obscure.

 

L’histoire du film, ou l’Histoire avec un grand ache.

Invictus est le titre d’un poème d’Ernest Henley que Nelson Mandela apprécie particulièrement.
En 1990, Nelson Mandela est libre après avoir passé 27 ans en prison. Un symbole qui d’une certaine façon marque le début de la fin de l’Apartheid.
En 1994, Mandela est élu à la présidence de la république d’Afrique du Sud.
Et c’est une énorme charge que revient à cet homme, de redresser ce pays au bord du chaos, trop longtemps déchiré par des guerres raciales… Mandela sait qu’un petit rien peut relancer les conflits loin d’être terminés et oublié.
En une phrase : il y a énormément à faire !
C’est dans cet environnement difficile que s’entraînent les Springboks, l’équipe de rugby d’Afrique du Sud. Une équipe qui peine à gagner ses matchs. Mais justement, la coupe du monde de Rugby est prévue dans un an, et Nelson Mandela voit là une excellente raison de rassembler les peuples.
Il va alors rencontrer François Pienaar, le capitaine des Springboks afin de lui accorder toute sa confiance et l’aider à motiver ses coéquipiers.

Et comme on le sait, ça a marché.

Le Casting

A la réalisation, nous retrouvons Clint Eastwood.
Je ne vous fais pas l’affront de vous présenter Clint le réalisateur, hein ? « Sur la route de Madison », « Impitoyables, » « Million Dollar Baby » sont quelques uns de ses films.

Nelson Mandela est incarné par Morgan Freeman.
Ce n’est pas sa première collaboration avec Clint Eastwood puisque il a joué dans « Impitoyables » et « Million Dollar Baby ».

Morgan Freeman nous offre là un excellent jeu. Tout le long du film, le ton reste juste, les émotions passent sans devoir forcer la mise. Dire que Morgan Freeman est Mandela serait un peu exagéré selon moi, mais je ne peux que saluer sa remarquable prestation pour coller au mieux à ce personnage emblématique.
Matt Damon joue François Pienaar.
Qui n’a jamais entendu parler de cet acteur ? « Will hunting », la série des Jason Bourne, « Les infiltrés, » « Ocean’s eleven » … et bien d’autres. La liste est longue.
Clairement, ce n’est pas la meilleure performance d’acteur de Matt Damon. Si on comprend son implication dans l’histoire, son rôle déterminant pour ce qui va donner la suite, je n’ai jamais été totalement convaincue par son statut de meneur de troupe. J’ai eu l’impression d’une certaine retenue de sa part. Pourtant, pour l’avoir vu dans « le talentueux Mr Ripley », « Les infiltrés » ou encore « The informant » (film ou je me suis ennuyée à mourir, mais rien à voir avec le jeu des acteurs), je sais que cet acteur est capable du très bon.
Par ailleurs, si je ne considère pas que ce soit son meilleur rôle, loin de moi l’idée de penser qu’il est le maillon faible du film.
Ici, Matt Damon est bon, mais j’ai la conviction qu’il aurait pu mieux faire.

Mes impressions générales

Si Invictus s’appuie sur des faits réels, on comprend très vite qu’il a été quelque peu romancé, que des faits ont été ajoutés ou occultés. Il s’agit d’un film, non d’un documentaire sur Nelson Mandela.

Non, Chester Williams, le seul noir de l’équipe de Rugby n’avait pas que des amis parmi ses coéquipiers. Non, le fait de gagner la coupe du monde de Rugby n’a pas suffi à réconcilier tous les blancs et tous les noirs. La famille Pienaar qui invite la bonne (noire) au Match, et les deux dames qui deviennent amies ; ou encore les policiers qui font la fête avec ce gamin noir, peut-être y a-t-il eu des cas similaires. Mais penser que la réconciliation et le pardon a été aussi facile serait tout simplement ridicule. La situation actuelle de l’Afrique du Sud suffit à s’en rendre compte.
Selon moi, la meilleure représentation de l’évolution des sentiments et mentalités est représentée par les gardes du corps de Mandela.
Lorsque les noirs et les blancs apprennent qu’ils vont travailler ensemble, la tension est perceptible. Accepter de se faire confiance n’est pas une mince affaire. Pour des blancs, recevoir des ordres d’un noir, il faut s’y faire, ils n’ont pas l’habitude. Tout au long du film on peut voir comment évoluent les opinions de chacun : de la haine perceptible, de la méfiance, l’hésitation, la confiance jusqu’à la réconciliation.
Certes, la scène où l’on voit les deux gardes du corps sauter dans les bras l’un de l’autre juste après la victoire des Springboks peut paraître exagérée. Cependant, j’ai remarqué dans leur comportement et leur regard une certaine retenue, comme une espèce de méfiance latente, une hésitation.
Oui, l’Apartheid est bien fini. Non, les tensions ne sont pas entièrement apaisées.
Evidemment, l’équipe de Rugby tient un rôle important dans le film…
Pour ma part, ne connaissant aucunement les règles de rugby, je ne saurai dire si les scènes de jeu que l’on voit sont crédibles. Les mêlées lors de la finale sont elles bien filmées, je n’en sais rien. Mais là n’est pas le plus important, je pense. Ce qui compte finalement c’est la victoire qui s’en suit, et c’est d’ailleurs sur la célébration de cette victoire dans les rues que se termine le film.
Enfin, il y a Madiba, Nelson Mandela.
Mandela qui, grâce à sa grandeur d’âme, arrive à pardonner ses 27 années d’emprisonnement. Mandela et sa générosité qui va exiger qu’on réduise son salaire de président (Nicolas si tu me lis…). Mandela et son charisme, son aura, ses convictions grâce auxquelles il va réussir à convaincre François Pienaar de remotiver son équipe.
L’homme bon et généreux apparaît clairement dans le film. Et nul doute que le style Clint Eastwood y est pour beaucoup. Cette façon de filmer lentement, comme pour bien imprégner le spectateur des émotions retranscrites est remarquablement bien utilisée. Or, la force de réalisation de Clint Eastwood réside justement dans l’analyse des émotions de ses personnages. Et ici, il est au sommet de son art.

En conclusion
Invictus est un film qu’il faut voir pour l’Histoire, la performance des acteurs (non Matt Damon, est loin d’être ridicule, même s’il a fait mieux).

Et parce que Clint Eastwood est à ce jour un des meilleurs réalisateurs qui sache retranscrire les sentiments humains.

Une réflexion sur “Invictus

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